Corps/Décors

Très souvent, ai-je eu le sentiment que mon corps ne m’appartenait plus. Pour enlever ce goût amer de l’aliénation, je donnais mon corps comme pour protester contre mes propres excès, mes propres liens. Pour l’autre, ce corps n’était plus qu’alors que cet outil de convergence des désirs, des fantasmes, des fonctions d’usage. Soumis, il n’était plus qu’un mobilier parmi d’autres. Ce sentiment n’est pas que de mon propre ressenti. J’en suis certain, car il y a des bars à strip tease, des maisons closes. Car on peut tout acheter et même des relations humaines. Je ne doute pas de la sincérité des services, des gestes, ou même de la sincérité de mes propres actions. Seulement, je ne sais plus si ce corps qui est le mien, je le donne de mon plein gré, de ma propre volonté. 
Ce projet se pose comme une représentation de cet état mais sous-entend également un désir de placer le corps dans un mouvement de la réappropriation, d’un passage de l’inerte à la vitalité, de la soumission à la liberté. Dans la constellation des regards sur le corps, je veux montrer ici le corps en arrêt, le corps en mouvement, le corps en vie. Et à travers l’expression de celui-ci, la volonté de guérir.